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INTERVIEW DE NEVE CAMPBELL



  • Tout indique que vous êtes une vraie fan de cinéma fantastique...

    En fait, je suis tout le contraire.J'ai une peur bleue des films d'horreur. Gamine, j'ai vue L'enfant du diable à la télévision et j'ai mis un an à m'en remettre. Dès que je vois une séquence un peu effrayante, je fais des cauchemars. Vous comprendrez donc ma méfiance le jour où mon agent m'a présenté le scénario de Scream. A la lecture, j'ai vite compris qu'il ne s'agissait pas d'un film gore ordinaire, mais de quelque chose de beaucoup plus subtil, un mélange très adroit de suspence et de comédie. Le scénario comportait également une solide dose de dérision.

  • Avez-vous tout de même vu les versions finales de scream 1 et 2 ?

    Oui. Quand je suis à l'écran, tout va bien. Comme je connais les coulisses de la séquence, je ne flippe pas. En revanche, dès que je disparais, je commence à frémir. J'oublie que je suis dans le film. Finalement, je suis quelqu'un de très impressionnable.

  • Avant le tournage de scream, vous aviez déjà participé à plusieurs productions fantastiques, au ciné ou à la télé. Comment expliquez-vous l'intérêt que le genre vous porte ?

    Peut-être n'est-ce pas une pure coïncidence, après tout ! Ce cinéma-là se nourrit de comédiennes dont le visage incarne une certaine vulnérabilité. Par contraste et souci d'efficacité. Surtout dans les deux Scream, pour mieux souligner que la fille, fragilisée au départ, peut se révéler très forte sur la fin. Le public actuel exige cet équilibre émotionnel. Il ne supporte plus de voir ces bécasses frétillantes, à demi nues se faire poignarder en hurlant.

  • Quelle satisfaction une jeune comédienne peut-elle tirer de sa participation à un film d'horreur ?

    Beaucoup plus que je ne l'aurais cru au départ. Avant Scream, je pensais que c'était vraiment nul de tomber aussi bas. J'ai changé d'avis. Le cinéma d'horreur présente en terme de jeu un défi intéressant : Créer différents niveaux au sein d'une même émotion. La peur, la terreur... Dans une scène, mon personnage craint pour sa vie. Dans une autre, elle pense à ses amis menacés. Parfois elle fuit, parfois elle passe à l'offensive. Et dans les deux cas de figure, elle a peur.

  • En matière de cinéma fantastique, vous avez été comblée avec Wes Craven. C'est l'un des ténors du genre...

    Avant d'aborder Scream, je cultivais les préjugés au sujet des réalisateurs de films d'horreur. J'étais convaincue qu'ils ne s'intéressaient pas aux comédiens, qu'ils se préoccupaient exclusivement d'effets spéciaux. C'est loin d'être le cas de Wes Craven. Avant tout, il se consacre aux interprètes, aux personnages. C'est un type vraiment incroyable, d'une gentillesse et d'un calme inouïs. Grâce à lui, j'ai pu relever le challenge que représentait ma présence sur les deux Scream.

  • Pourquoi avez-vous refusé de vous déshabiller dans les scènes les plus hot de SexCrimes ? Par pudeur ?

    Pas vraiment. Il y a nudité et nudité : celle du cinéma européen, souvent artistique et celle du cinéma américain, qui ramène uniquement à l'argent, au box-office. A Hollywood, la nudité n'est qu'un argument commercial afin d'attirer les gens dans les salles. Cet aspect mercantile suffit à rendre moins beau le corps de la femme. Tant qu'à tourner nue, je préfère que ce soit dans un film français ou italien. De toute façon, tourner une scène érotique est toujours difficile.

  • Jouer un rôle à la Dana Scully dans un nouvel X-Files, ça vous tenterait ?

    Je ne crois pas... Une série télé, c'est une prison, des années très chargées, très peu de temps libre. La télévision vole beaucoup de ma vie. Mes deux mois de vacances, je les consacre au cinéma. La vie à cinq, la série dans laquelle je joue depuis quatre ans, va encore me "voler" deux années supplémentaires !